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Conte n°6 – Le Roi Humble
Il était une fois un roi qui avait un sage à son service. Un jour, il convoqua le sage et lui dit : Il y a un roi qui se dit très vaillant, homme de vérité et d’humilité (c’est-à-dire un homme honnête et qui ne se vante pas).

C’est un héros, je le sais car son pays est entouré par la mer. Sur cette mer voguent des navires armés de canons. Des armées sont embarquées sur ces navires et ne laissent approcher personne. A quelque distance de la mer, sur le continent, on trouve un grand marécage qui entoure le pays et qui est traversé par un petit sentier ou un homme seulement peut passer. Là aussi se trouvent des canons. Si quelqu’un vient déclarer la guerre, on fait tirer le canon. Personne ne peut s’approcher. Mais je ne sais pas pourquoi il se dit homme de vérité et d’humilité. Je veux que tu m’apportes le portrait de ce roi.

Le roi possédait en effet les portraits de tous les autres rois. Par contre, aucun roi ne possédait le portrait du roi humble, car ce dernier restait caché aux regards des hommes. Il trônait derrière un rideau, loin de ses sujets.

Le sage se mit en route pour le pays de ce roi et se dit qu’il lui fallait connaître la nature du pays, savoir comment il était gouverné.
Comment connaître la nature du pays ? Grâce aux plaisanteries propres à celui-ci. Lorsqu’on veut connaître une chose, il faut connaître les plaisanteries qui s’y rapportent.

En effet, il y a de nombreuses sortes de plaisanteries. Par exemple, lorsqu’on blesse quelqu’un par des paroles et lorsque l’autre s’en rend compte, on lui dit alors : Je plaisantais . Ainsi qu’il est dit dans le verset (Prov. 26:18-19) : Comme un dément qui lance des brandons et des flèches meurtrières, ainsi fait l’homme qui dupe son prochain et dit : Mais je plaisantais. Par ailleurs, quelqu’un qui veut vraiment plaisanter, peut néanmoins blesser l’autre par ses paroles. Il existe ainsi plusieurs sortes de plaisanteries.

Parmi tous les pays, il s’en trouve un qui inclut tous les autres pays, qui est le principe et la règle qui les régissent tous. Dans ce pays, se trouve une ville qui inclut toutes les villes du pays. Dans cette ville, on trouve une maison qui inclut toutes les maisons de la ville. Dans cette maison-là vit un homme qui inclut toute la maison … Et il y a un individu qui fait toutes les farces et toutes les plaisanteries du pays tout entier.

Le sage se rendit dans le pays du roi humble en emportant beaucoup d’argent. Il remarqua qu’on s’y raillait et qu’on y plaisantait beaucoup. Grâce aux plaisanteries, il comprit que le pays était plein de mensonge. Il vit comment on se moquait des gens, comment on les dupait en affaires. Lorsqu’un procès avait lieu au tribunal, tout n’était que mensonge et corruption. Il se rendit auprès d’une cour supérieure, et là aussi, le mensonge triomphait. On s’y raillait et on y plaisantait à propos de tout. Le sage comprit par ces plaisanteries que le pays était rempli de mensonge et de roublardise, et que la vérité y était absente.

Il entreprit de faire du commerce dans ce pays, et se laissa duper. Il fit un procès devant les tribunaux où régnaient
le mensonge et la corruption. Aujourd’hui il graissait des pattes ; le lendemain, on ne le connaissait pas. Il se présenta devant une instance supérieure ; là aussi on ne trouvait que le mensonge. Il finit par se rendre au sénat ; là encore, mensonge et corruption.

Alors, il se présenta devant le roi
Lorsqu’il fut en sa présence, il lui parla ainsi : Sur qui règnes-tu ? Tes sujets, petits et grands, ne connaissent que le mensonge. La vérité est absente . Il lui décrit la duplicité qui se manifestait dans le pays.
L’entendant parler, le roi humble inclina son oreille vers le rideau, afin de saisir ces paroles. Il s’étonna beaucoup
qu’il se trouvât un homme qui connût toute la duplicité du pays. Quant aux ministres, ils entendirent le discours du sage et en conçurent une grande colère. Le sage, lui, continuait à dénoncer l’hypocrisie du pays.
Il disait : On pourrait même dire que le roi est à l’image de ses sujets et que lui aussi aime le mensonge. Cependant,
c’est tout le contraire ; on voit bien que tu es un homme droit, et que tu es loin de tes sujets, car tu ne peux tolérer le mensonge qui règne chez toi .

Et il se mit à chanter les louanges du roi. Etant donné que le roi était très humble et que partout où tu trouves sa grandeur, tu trouves aussi son humilité (Megillah 31a), et parce que les humbles sont ainsi faits que plus on les loue, plus on les exalte, et plus ils se font petits et humbles, le sage ayant si grandement loué et exalté le roi, ce dernier atteint une humilité et une modestie extrêmes, jusqu’à n’être plus rien.

Il ne put se retenir, rejeta le rideau de côté afin de voir le sage et savoir qui était celui qui savait et comprenait tout cela. Le visage du roi fut dévoilé. Le sage le vit, en fit le portrait et le rapporta à son roi.

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