Conte n°4 – Le Roi qui décréta la Conversion

LE ROI QUI DECRETA LA CONVERSION

Il était une fois un roi qui décréta dans son pays que tout le monde se convertît sous peine de déportation. Celui qui voulait rester dans le pays devait se convertir, sinon il était expulsé. Certains se défirent de leurs biens et de leurs richesses, et, pauvres, ils quittèrent le pays afin de conserver leur foi et de rester Juifs. D’autres aimaient leurs richesses et restèrent. Ils devinrent des Marranes. Ils suivaient en cachette les usages des Juifs mais n’avaient pas le droit de se conduire comme des Juifs en public.
Puis, le roi mourut. Son fils accéda au trône et entreprit de mener le pays d’une main de fer. Il conquit de nombreux pays. C’était un sage. Comme il était très strict à l’égard des princes du royaume, ceux- ci se conjurèrent et décidèrent de l’assassiner, lui et tous ses enfants. Parmi les princes se trouvait un Marrane. Il se dit : ” Pourquoi suis-je un Marrane ? Parce que j’aimais mes biens et mes richesses. Si on tue le roi, le pays restera sans souverain et les gens se dévoreront vivants, car un pays ne peut rester sans roi. ” II décida de tout raconter au roi, à l’insu des princes. Il se rendit devant lui et lui annonça qu’on complotait contre lui.
Le roi tenta de savoir si tout cela était vrai et découvrit qu’il en était bien ainsi. Il fit poster des sentinelles et lorsque les conjurés l’attaquèrent, ils furent tous capturés. On les jugea et les condamna tous.
Puis le roi dit au prince qui était un Marrane :
- Quel honneur vais-je t’accorder pour avoir sauvé ma vie et celle de mes enfants ? Vais-je faire de toi un seigneur ? Tu en es déjà un. Te donnerai-je de l’argent ? Tu en possèdes déjà. Dis-moi ce que tu désires et je te l’accorderai.
- Feras-tu ce que je dirai ?
- Oui, tu peux en être sûr, je ferai ce que tu veux.
- Prête-moi serment sur ta couronne et sur ton royaume.
Le roi prêta serment. Alors, le Marrane déclara :
- Voici ce que je désire : je veux pouvoir être Juif ouvertement. Je veux pouvoir mettre le talith et les Téfilin librement.
Le roi en fut très troublé, car aucun Juif n’était toléré dans son royaume. Cependant, il n’avait pas le choix à cause du serment selon lequel il ferait tout ce que l’autre désirait.
Le lendemain matin, le Marrane mit talith et Téfilin en public.

Plus tard, lorsque le roi mourut, son fils lui succéda. Il gouvernait le pays avec bonté car il avait vu que l’on avait voulu tuer son père. Il conquit de nombreux pays et c’était un sage. Un jour, il convoqua tous les astrologues afin qu’ils lui disent ce qui provoquerait l’extinction de sa dynastie, et afin qu’il puisse s’en protéger. Les astrologues lui dirent que sa dynastie ne s’éteindrait pas, à condition qu’il prît garde au b uf et à l’agneau.

On consigna cela dans le Livre des Chroniques. Ensuite, le roi enjoignit à ses enfants de mener le pays avec bonté, en suivant son exemple. Puis il mourut.

Son fils lui succéda et dirigea le pays d’une main de fer comme l’avait fait son grand-père. Il conquit de nombreux pays. Il imagina un stratagème et fit appliquer la résolution suivante : on ne devait trouver dans le pays ni b uf ni agneau, afin que sa dynastie ne disparût pas. Et il se dit qu’à présent il ne craignait plus rien. Il continua à diriger le pays avec force, et comme il était très rusé, il conçut un plan pour s’emparer du monde sans faire la guerre.

Il y a sept régions dans le monde, car le monde est divisé en sept parties. Et il y a sept planètes, c’est- à-dire sept étoiles qui correspondent aux sept jours de la semaine. Chaque planète illumine l’une des sept parties du monde. Il y a aussi sept sortes de métaux (l’or, l’argent, le cuivre, l’étain, etc.). Chacune des sept planètes brille sur un métal particulier.

Le roi prit les sept métaux et ordonna que lui soient apportés tous les portraits en or de tous les rois. Ces portraits étaient accrochés dans les palais des rois.
Avec tout cela, il fabriqua un homme : sa tête était en or, son tronc en argent, et ses autres membres étaient faits avec les autres différents métaux. L’homme était constitué de l’ensemble des sept métaux.

Le roi fit installer cet homme au sommet d’une haute montagne. Les sept planètes l’illuminaient. Si quelqu’un cherchait un conseil pour mener ses affaires à bien ou pour toute autre raison, et ne savait que faire, il n’avait qu’à se mettre contre le membre fait du métal correspondant à la région du monde dont il venait. Il devait garder présent à l’esprit ce qui le préoccupait ; et il savait ainsi s’il devait ou non faire ce dont il avait besoin. Si la réponse était affirmative, le membre s’allumait et brillait ; si elle était

négative, le membre restait terne.
Tout cela avait été réalisé par le roi qui conquit ainsi le monde entier et amassa beaucoup d’argent. Cependant, l’homme qu’il avait fabriqué à partir des sept métaux n’avait de pouvoirs qu’à une seule condition : le roi devait rabaisser les puissants et élever les humbles.
Le roi convoqua tous ses généraux et ministres, tous ceux qui avaient charges et privilèges. Tous obéirent. Il les disgracia et leur retira tous leurs droits. Il fit de même avec ceux qui avaient mérité leur rang au service de son grand-père. Parmi eux se trouvait le Marrane. Le roi lui demanda : ” Quel est ton privilège ?” Il répondit : ” Mon seul privilège est de pouvoir être Juif ouvertement grâce au service que j’ai rendu à ton grand-père “. Le roi le lui retira et le prince redevint un Marrane.

Il arriva qu’une nuit le roi rêva dans son sommeil. Il vit un ciel clair et les douze constellations. (Les étoiles sont réparties en douze ensembles correspondant aux douze mois de l’année. Une constellation ressemble à un agneau, c’est le mois de Nissan. La constellation correspondant à Iyar est appelée b uf ; chaque mois a ainsi sa constellation). Parmi les constellations, le roi vit celle du b uf et de l’agneau se moquer de lui. Il se réveilla en colère et eut très peur. Il fit apporter le Livre des Chroniques où tout est consigné. Il lut ce qui y était écrit : sa dynastie disparaîtrait à cause d’un b uf et d’un agneau. Il fut terrifié et raconta tout à la reine. La reine et ses enfants furent saisis d’épouvante. Le c ur du roi battait très fort. Il convoqua tous les interprètes de songes. Chacun donna son interprétation, mais aucune ne retint son attention et il eut très peur.

Alors, un sage se présenta devant lui et lui dit qu’il tenait une tradition de son père d’après laquelle le soleil avait trois cent soixante cinq trajectoires. D’autre part, il existait un endroit illuminé par les trois cent soixante cinq trajectoires du soleil. A cet endroit poussait un sceptre de fer. L’homme qui avait peur, n’avait qu’à s’approcher de ce sceptre pour être délivré de ses craintes.

Voilà ce que le sage raconta au roi. Ce dernier fut ravi et se mit en route vers cet endroit, accompagné de sa femme, de ses enfants et des gens qui étaient de son sang, ainsi que du sage.

Au milieu du chemin se tient l’ange tutélaire de la colère ; en effet, à cause de la colère, un ange destructeur et corrupteur est créé. Il règne sur toutes les forces destructrices. C’est à cet ange qu’il faut demander sa route car il existe un chemin qui convient aux hommes, un autre chemin couvert de chaux, un autre plein de fossés, et un dernier chemin enflammé ; le feu dévore quiconque s’approche dans un rayon de quatre milles.
Le roi et sa suite demandèrent à l’ange quel chemin prendre. Il leur indiqua le chemin de feu. Ils s’avancèrent. Le sage regardait continuellement devant lui pour apercevoir le feu. En effet, il tenait de son père une tradition selon laquelle le feu se trouvait à cet endroit. Il finit par l’apercevoir et vit que des rois et des Juifs avec Talith et Téfilin y pénétraient. Le sage dit au roi : ” Je tiens de mon père une tradition selon laquelle on est consumé à une distance de quatre milles du feu. C’est pourquoi je n’irai pas plus avant. Si tu le désires, avance “. Le roi pensa qu’ayant vu des rois pénétrer dans le feu, il pouvait en faire autant. Le sage s’écria à nouveau : ” Je tiens une tradition de mon père et je n’irai pas plus loin ! Toi vas-y, si tu veux “. Le roi et les siens entrèrent dans le feu ; il s’empara d’eux et ils périrent, consumés.
Lorsque le sage revint chez lui, les ministres s’étonnèrent que le roi et les siens eussent péri. Le roi s’était pourtant gardé d’un b uf et d’un agneau; comment se faisait-il que sa souche ait péri avec lui ? Alors, le Marrane parla : ” C’est grâce à moi que le roi a péri. Les astrologues ont vu que le roi et sa dynastie disparaîtraient à cause d’un b uf et d’un agneau, mais ils n’ont pas compris ce qu’ils ont vu. En effet, avec la peau du b uf on fait les Téfilin, et avec la toison d’un agneau on fabrique les Tsitsit du talith. C’est à cause d’eux que le roi et les siens sont morts. Ainsi, les rois ont pu pénétrer dans le feu sans être consumés grâce aux Juifs portant librement talith et Téfilin dans leurs pays,. Par contre, le roi qui n’a pas autorisé les Juifs portant talith et Téfilin à résider dans son pays, a péri à cause de cela même avec les siens. C’est de lui que les constellations du b uf et de l’agneau se sont moquées. Les astrologues ont vu que la dynastie du roi disparaîtrait à cause d’un b uf et d’un agneau mais ils n’ont pas compris le sens de leur vision. Ainsi, le roi a péri avec les siens, Amen, et ‘ Ainsi périront tous tes ennemis, Seigneur ‘ (Juges 5:31) “.

Téhilim Psaume n°2 : ” Pourquoi se démènent les peuples ? Tu les briseras avec un sceptre de fer ” : c’est le sceptre de fer ; ” Brisons leurs liens, rejetons loin de nous leurs chaînes ” : ce sont les Tsitsit et les Téfilin. Toute l’histoire fait allusion à ce Psaume. Heureux celui qui connaîtra un peu ce qu’il y a dans ces histoires, qui renferment de grands secrets de la Torah.

 

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